Hausse des franchises médicales: "Un coup de canif dans la solidarité pour punir les malades", tacle l'Unsa

François Bayrou avait prévenu mi-juillet, le gouvernement lorgne sur 5,5 milliards d'euros d'économies sur les dépenses de santé. Le Premier ministre avait déjà annoncé le doublement du plafond annuel des franchises des participations forfaitaires, soit de 50 à 100 euros.
Et l'exécutif songerait aussi à doubler le montant unitaire des franchises sur les boîtes de médicaments et les consultations chez le médecin. Soit de 1 à 2 euros par boîte de médicaments et de 2 à 4 euros la consultation.
Pour rappel, fin mars 2024, le montant de la franchise médicale avait déjà doublé, passant de 0,50 euro à 1 euro par boîte de médicament. Même chose pour la participation forfaitaire, passée quelques semaines après de 1 à 2 euros.
"Scandaleux", s'indigne ce vendredi sur RMC Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l'Unsa, l'Union des syndicats autonomes et membre du conseil de la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam). "Il y a d’autres solutions pour trouver des recettes pour l’Assurance maladie. C’est punir les malades. Oui, effectivement, nous sommes en colère. Ce ne sont pas des méthodes, ni sur le fond ni sur la forme."
D'autant que le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, Yannick Neuder, a déclaré jeudi, sur TF1, que ces "augmentations" étaient "proposées dans les discussions [...], des chiffres proposés dans la feuille budgétaire [...] "Toutes ces mesures seront à discuter au Parlement, c'est le Parlement qui décide au final", a fait valoir le ministre de la Santé.
Sauf que le gouvernement prépare déjà des décrets, fulmine Dominique Corona. "Nous avons reçu des projets de décret. "Nous n’avons pas exactement les dates à jour de l’application. Nous donnerons un avis à la CNAM fin août, et c’est le gouvernement qui décidera de la publication de ces décrets. En fonction de la date de publication, cela s’appliquera… ça pourrait être avant janvier", explique-t-il.

BFM Business a pu également consulter ces projets de décret, datés du 6 août, qui dévoile par ailleurs que les plafonds journaliers devraient également doubler. "Le plafond journalier passera de 4 à 8 euros pour les consultations réalisées par un auxiliaire médical, chez un kiné ou un infirmier par exemple", peut-on lire. Celui pour les transports sanitaires devrait passer de 8 à 16 euros.
"Ils veulent de l’argent ? Faire payer les malades pour se soigner ? Ils n’ont qu’à le dire, mais les mensonges, ça suffit", s'indigne Dominique Corona
"Il n’y a pas de discussion : c’est le gouvernement qui les publie, et ça se met en application. C’est très dangereux en termes de démocratie, à la veille d’un projet de loi de financement de la sécurité sociale qui sera débattu par le Parlement en septembre-octobre. Ça va être extrêmement compliqué", poursuit, très en colère, Dominique Corona.
L'idée, "c'est surtout" de "faire prendre conscience à tout le monde que la santé n'a pas de prix mais elle a un coût", a souligné le ministre de la Santé. Il ne s'agit pas de "stigmatiser les malades, parce qu'on ne choisit pas d'être malade", a insisté le membre du gouvernement.
Dans Le Monde, mi-juillet, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, affirmait que le maintien du "principe des plafonds" visait à "éviter tout renoncement aux soins". "Il faut arrêter avec cette idée que l’Assurance-maladie, 'c'est gratuit, j'y ai droit'", soulignait-elle aussi.
"Les 80 ans de la Sécu, ça se fête. Mais ça ne se fête pas comme ça", regrette Dominique Corona.
"C’est un coup de canif dans la solidarité. Oui, pour les 80 ans de la Sécu, nous avons besoin de recettes supplémentaires. Nous ne cessons de dire au gouvernement qu’il y a des recettes qu’on peut aller chercher en plus. Mais punir les malades, taxer les malades, c’est inacceptable", réagit Dominique Corona, qui évoque la possibilité de taxer l'alcool, les paris en ligne, les produits ultra-transformés dans l'alimentaire, de revenir sur les exonérations de cotisations sociales pour les employeurs...
L'Association des accidentés de la vie (FNATH) s'est également dite "scandalisée". "Non, les franchises médicales et autres participations n'ont jamais responsabilisé quiconque car il s'agit, ni plus, ni moins, que d'un impôt sur la maladie et qui s'applique, au surplus, à ceux qui ont le plus besoin de soins", a tancé cet organisme.
RMC